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1 décembre 2010 3 01 /12 /décembre /2010 17:00

      Cher William,

 

      Vous m'avez comprise! Merci! Ou plutôt, devrais-je dire, Léonato, le père d'Hero de Beaucoup de bruit pour rien, m'a comprise lorsqu'il a prononcé cette phrase extrêmement pertinente à l'acte V de la pièce : "Jamais on n'a vu philosophe endurer avec patience le mal de dents..."

 

      Je traitais dans une lettre adressée à Emile la semaine dernière de la philosophie du "Il y a pire" (je vous dirais bien d'en parler avec lui, mais comme vous n'avez vécu ni à la même époque, ni dans le même pays, cela risque de compliquer un peu les choses) : j'expliquais que, souvent, quand quelque chose d'un peu pénible nous arrive, il suffit d'imaginer ou de penser à des choses encore plus pénibles pour que tout s'arrange.

 

      Quelle petite naïve j'étais...

 

      J'en ai eu la preuve récemment, il est des situations dans la vie où il est vraiment héroïque de se le dire. Quand les problèmes semblent s'acharner sur vous, les contrariétés se multiplier, lire Zola n'est absolument d'aucun remède. En voici quelques exemples mineurs, dans le désordre...

 

      Lorsque vous sortez de chez vous le matin, à 7h30, qu'il fait encore nuit, que vous constatez qu'il gèle à pierre fendre et que vous allez devoir une nouvelle fois gratter le gel de votre pare-brise avec une boîte de CD faute de mieux, que vous savez que vous allez passer 3/4 d'heures sur des routes glissantes puis au milieu des embouteillages dans une voiture qui ne sera réchauffée qu'au moment où vous la quitterez, la philosophie du "Il y a pire" perd un peu de son efficacité...

 

      Lorsque, enrhumée jusqu'aux cheveux, le nez rouge et dégoulinant, la voix cassée, les yeux qui pleurent, vous allez à la pharmacie acheter le l'Actifed, du spray pour la gorge et du Doliprane 1000, et que la pharmacienne, pimpante et outrageusement maquillée, vous demande avec un grand sourire "C'est pour vous?", il est, croyez-moi, difficile de relativiser...Vous avez plutôt envie de lui répondre "Ben non, voyons, qu'est-ce qui vous fait croire ça? C'est pour ma chèvre naine Djali qui a attrapé froid... Mais elle n'est pas avec moi aujourd'hui, elle était trop malade!"

 

     Lorsque soudain l'eau chaude d'une douche bienfaisante se transforme en un supplice écossais bien connu (évidemment, c'est lorsqu'il fait -10°C que la chaudière tombe en panne, sinon ce ne serait pas drôle!), que pour rincer ses cheveux pleins de shampoing il faut faire chauffer de l'eau au micro-onde parce qu'évidemment sa bouilloire est cassée elle aussi, qu'on dérape sur le parquet glissant comme une petite vieille, qui arrive à se raisonner en pensant à la sécheresse en Afrique?

 

      Lorsque les GENS, dans le même état que vous bien sûr, mais cela pas moyen de se le dire, semblent se liguer contre vous et vous donnent envie de vous terrer dans votre caverne avec un énorme panneau sur lequel est inscrit "Qui passe trépasse!" à l'entrée, vous ne pouvez que féliciter ceux qui arrivent à penser au Tibet envers et contre tout!

 

      Et lorsque ces évènements, ou d'autres du même genre, arrivent tous la même semaine, le seul recours reste bien de se dire que même un Maître en sagesse et en maîtrise de soi ne pourrait de toute façon endurer un tel calvaire...

  

      Bien sûr, mon cher William, les petits soucis de la petite vie de la petite Philomène n'ont pas grand chose à voir  avec le déshonneur de Léonato qui voit sa chère fille répudiée publiquement et injustement le jour de son mariage, ou avec la dureté de la vie au temps du règne d'Elizabeth Première (quoique je sois quand même curieuse de savoir à quoi ressemblait une rixe dans une taverne...pour ma culture personnelle!). Mais je vous remercie néanmoins pour cette phrase qui m'aide aujourd'hui !

 

      A vrai dire, mon imagination un peu trop fertile trouve plutôt cocasse la vision de Socrate, Aristote et Platon, en toge et sandales, en train de se tenir la mâchoire avec des grimaces de douleur... Encore une fois, j'ai honte! (Mais je ris bien quand même...)

 

      Je vous salue bien bas, Monsieur Shakespeare, et pour montrer que je vous aime bien je termine par l'une de vos citations avant de remonter dans ma tanière hiberner jusqu'au mois d'avril : "The rest is silence!" (de toute façon je n'ai plus de voix!).

 

                                                            Philomène.

 

                                                                                                                                

 

 

 

 

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commentaires

A
<br /> Comme quoi la politique de Zola reste illusoire et utopique...<br /> Bon rétablissement à Djali<br /> A bientot Philo.<br /> <br /> <br />
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