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17 novembre 2010 3 17 /11 /novembre /2010 10:00

     Très chère Jane,

 

     Je cherchais l'occasion idéale pour vous écrire, à vous que j'admire, que je révère, que j'adule, que j'idolâtre  (je continuerais bien dans ce sens, mais je viens de renverser ma tasse de chocolat sur mon dictionnaire de synonymes...). L'occasion en est toute trouvée en ce jour funeste : je viens d'apprendre la sinistre nouvelle des fiançailles du Prince William d'Angleterre...

 

     "Ô rage! ô désespoir! ô vieillesse ennemie! " Ah non, pardon, je me trompe de destinataire! Mais mon affliction n'en est pas moins grande...

 

     Je me sens comme Elinor Dashwood apprenant l'engagement secret de son cher Edward Ferrars, sans être capable de sa retenue héroïque ; comme Emma pensant que le beau Mr Knightley va épouser son amie Harriet ; comme Anne Elliot voyant le capitaine Wentworth faire une cour assidue aux demoiselles Musgrove ; j'avoue même, c'est dire, comprendre Mrs Bennet, croyant que la fortune de Mr Bingley va échapper à sa fille Jane...

 

     Voyez-vous, chère Jane, il est tout de même des choses immuables, que nous soyons au 19e ou au 21e siècle : il est toujours communément admis qu'un célibataire beau et riche doit forcément avoir le désir de se marier... Libération de la femme ou pas! Et le désarroi éprouvé à l'annonce de la nouvelle que c'est une autre qui a été choisie, s'il n'est pas exprimé de la même manière, est toujours bien présent...

 

     En d'autres termes, disons que le "Mon Dieu! Ce gentleman a annoncé publiquement son engagement avec l'aînée des demoiselles Smith, que faire? Y aurait-il dans le voisinage un autre fils de baronnet qui pourrait combler mes espérances matrimoniales et m'éviter de devenir vieille fille, de faire de la broderie au coin du feu toute ma vie durant, d'aller m'occuper des enfants d'une soeur moins malchanceuse que moi?" a été remplacé par un "C'est pas vrai, le Prince William se fiance, un mythe s'effondre! Sur qui allons-nous bien pouvoir rêver à présent?"

 

     Soyons donc lucides et réfléchissons ensemble, très chère Jane : quelles sont les solutions qui s'offrent à nous?

 

     Premièrement, nous joindre à la troupe nombreuse des aigries qui critiqueront la fiancée et sa robe le jour des noces ("Réellement! Je trouve choquant qu'il y ait si peu de satin!").

 

     Deuxièmement, envoyer héroïquement nos félicitations à Miss Middleton et à sa future belle-famille en or (^_^).

 

     Troisièmement, oublier toutes ces futiles considérations, relire vos romans, et apprendre à cuisiner des scones (finalement, n'est-ce pas ce que l'Angleterre a de meilleur?).

 

     Vous noterez que j'exclus volontairement le suicide.

 

     Je vous laisse deviner quelle solution je préfère et je vous salue, chère Miss Austen. J'espère avoir l'occasion de vous écrire à nouveau très bientôt,

 

                                         Philomène.

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commentaires

M
<br /> Consolons-nous, le pauvre William a perdu avec l'âge sa grâce et sa fraîcheur. Il ressemble chaque année davantage à son père. Et je ne suis pas tout à fait certaine que sa réputation reste<br /> intacte.<br /> <br /> <br />
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P
<br /> <br /> Bien dit, Mad!<br /> <br /> <br /> <br />
G
<br /> un doux rêve s'achève pour vous...<br /> mais quel est celui qui commence pour l'Elue ?<br /> <br /> <br />
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P
<br /> <br /> la pauvre... Je suis bien d'accord!<br /> <br /> <br /> <br />
M
<br /> Chère Philomène,<br /> Comme je vous comprends! Merci de dire en de si jolis mots le désarroi dans lequel de si nombreuses âmes (dont la mienne)se trouvent en ce si funeste jour...<br /> <br /> <br />
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P
<br /> <br /> Je savais que je n'étais pas seule... En union de désespoir, je vous salue chère amie!<br /> <br /> <br /> <br />