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9 février 2011 3 09 /02 /février /2011 17:28

     Cher Paul, cher Théophile, cher Charles, cher Guillaume, et caetera,

 

     Pour cette lettre, je n'avais que l'embarras du choix! En effet, c'est un thème courant dans la poésie française que celui des oiseaux... Qui d'entre vous ne s'est pas attardé à la contemplation béate d'un vol de mouettes majestueux, ne s'est pas risqué à des comparaisons hardies avec tel ou tel de ces chers volatiles, le sage hibou, le mélodieux rossignol, l'aigle rapide, qui ne s'est pas senti lui-même proche plus particulièrement de l'un d'entre eux (je pense à un certain albatros, n'est-ce pas, Charles...)?

 

     Oui, vous Poètes, vous aimez les oiseaux, leurs gazouillis romantiques, leurs ailes symboles de liberté et leur innocence, et vous les chantez sans fin. Le monde semble pour vous idyllique et serin (pardon, serein!).

 

     Je me permets donc de venir nuancer ce lieu commun charmant, certes, mais quelque peu réducteur! N'ayez pas peur, je ne vais pas vous voler dans les plumes, mais je tenais à vous parler de mon nouveau voisin.

 

     Il s'agit, donc, d'un oiseau : tourterelle ou pigeon, je n'en sais rien, puisque je n'ai pas encore eu l'occasion de le voir! Mais en revanche, j'ai eu à de nombreuses reprises l'occasion de l'entendre, puisqu'il a fait son nid au dessus de ma fenêtre, et je peux vous dire qu'il roucoule! On dirait un amoureux transi un soir de Saint Valentin!

 

     Tous les matins à la même heure, il me réveille en chantant dès le lever du soleil. Ce n'est pas très grave, puisque quatre jours par semaine je me lève bien avant lui... Mais les autres jours, ceux où théoriquement je pourrais faire la grasse matinée, il semble avoir fait sien et vouloir me convertir à l'adage bien connu qui affirme que "le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt"  : je suis totalement d'accord avec ce principe, mais pas le samedi et le dimanche, qu'on se le dise!

 

     J'ai bien essayé d'échapper à ses trilles (tête sous l'oreiller, boules quiès...) mais rien n'y fait. Inévitablement, je me lève le week-end en proie à des envies irrépressibles et sanguinaires de pâté d'alouette ou de tir aux pigeons... Moi qui pensais être pacifique!

 

     Afin d'éviter de me livrer à des actes répréhensibles, violents et sévèrement réprouvés par la SPA, et parce que moi aussi, au fond, j'aime bien les oiseaux quand même, j'ai décidé de vous imiter et de composer à mon tour un poème sur le sujet, en manière de catharsis. Il sera, vous le comprenez bien, très personnel et fortement marqué par mon expérience récente avec le volatile qui partage ma fenêtre et a depuis peu pris une place importante dans ma vie.

 

     Il s'intitule "Mon voisin à plumes" et pourra facilement être mis en musique sur n'importe quelle mélodie d'Edith Piaf.

 

Mon voisin à plumes

 

Toi qui, le matin très tôt,

Petit oiseau,

Viens me chanter la sérénade,

Petite pintade,

Et me régales de doux sons,

Petit pigeon,

Car près de moi tu fis ton nid,

Doux canari,

 

Toi qui près de moi bats des ailes,

Ô tourterelle,

Avec le bruit d'un réacteur,

Martin-Pêcheur,

Qui te cognes contre mes volets,

Chardonneret,

Et me réveilles "doucement",

Beau Goéland,

 

Tu sembles bien avoir décidé,

Héron cendré,

De me pourrir la vie sans vergogne,

Belle cigogne,

Chaque matin tu es à la fête,

Petite mouette,

Avec un plaisir très pervers,

Petit pivert!

 

Et de mon malheur tu jubiles,

Ô volatile!

Mais, tant que tu le peux, roucoule,

Petite poule,

Je fourbis ma riposte hardiment,

Cher cormoran,

C'est donc dit : à toi je m'oppose,

Doux flamant-rose!

 

Je mettrai du sel sur ta queue,

Ô moineau bleu,

Te ferai périr sans délais,

Beau perroquet,

Car je suis d'une nature farouche,

Bel oiseau mouche,

Je prépare ton épitaphe,

Tout petit piaf.

 

     Voilà! Et s'il n'est pas sensible à la poésie, il me restera toujours la solution d'ouvrir bruyamment mes volets et de chanter à tue-tête les jours de semaine pour me venger de lui! Ceci dit, je pense que mes autres voisins ne vont pas être contents...

 

     Chers amis poètes, je vous salue bien bas, tout en me félicitant modestement de vous avoir éclairés sur ce point précis et en savourant le plaisir d'avoir ajouté un nouveau chef d'oeuvre au paysage poétique français!

 

     C'est donc en proie à une hilarité certaine que je prends respectueusement congé de vous, Messieurs Verlaine, Gautier, Baudelaire et Apollinaire!

 

                                                              Philomène.

 

 

 

 

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commentaires

G
<br /> une bonne petite fricassée en perspective....miam!<br /> <br /> <br />
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G
<br /> moi, je trouve que le pigeon ou la tourterelle, c'est bon roti, avec des petits pois tous frais et des petites échalottes...<br /> <br /> <br />
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P
<br /> <br /> Héhé!<br /> <br /> <br /> En tout cas, ce matin je l'ai guetté (faute de dormir!) : ils sont deux! Et ce sont bien deux pigeons, bien dodus... Je les aurai!<br /> <br /> <br /> <br />
C
<br /> Chère Philomène,<br /> <br /> Vous n'avez pas l'air d'apprécier la cigogne, la pintade, le perroquet,... mais oseriez-vous aussi jeter la pierre à la grive musicienne, à la linotte mélodieuse et ... au rossignol philomèle dont<br /> le nom est si proche du vôtre?<br /> <br /> Au fait, vous nous aviez promis de nous expliquer le lien que vous entretenez avec ce prénom, mais peut-être, au fil des lectures m'a-t-il échappé?<br /> <br /> A bientôt!<br /> Votre admiratrice.<br /> <br /> <br />
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P
<br /> <br /> Patience chère Caora, patience, cela viendra, je cherche encore la manière adéquate de le dire! Et merci!<br /> <br /> <br /> Mais j'aime quand même les oiseaux, même les pintades (c'est si bon rôti à Noël!)!<br /> <br /> <br /> A très bientôt!<br /> <br /> <br /> <br />