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24 avril 2011 7 24 /04 /avril /2011 20:56

      Bien cher Miguel,

 

      de retour de votre patrie bien-aimée, l'Espagne, je vous adresse cette humble missive en guise d'hommage vibrant.

 

      Si je ne m'appelais pas Philomène, je vous décrirais avec poésie de charme des rues madrilènes, la beauté mystique des tableaux du Gréco et le calme olympien du parc du Retiro et de ses fontaines.

 

      J'exalterais l'austérité grandiose du plateau du centre de l'Espagne.

 

      Je tenterais une esquisse des émotions ressenties en entendant un air à la fois sauvage et mélancolique de Flamenco s'échappant de la fenêtre entrouverte d'un bâtiment ancien.

 

      Je parlerais des Espagnols, traçant à grands traits une description de leur caractère, de leurs coutumes, ( voire de leur maillot de football!).

 

soupalognon-y-crouton

 

      Mais voilà... On ne se refait pas, et, si c'est à vous que j'écris, c'est parce que me suis sentie souvent, durant mon voyage, bien proche de votre fameux héros... Je parle bien sûr d'un certain Don Quichotte!

 

      N'allez pas vous imaginer la petite Philomène assise tant bien que mal sur un cheval efflanqué, galopant pathétiquement à travers la Mancha (Bon, d'accord, si vous y tenez, je vous accorde quelques instants pour contempler cette image burlesque... Vous avez bien ri? Maintenant reprenons!).

 

      Non, si mes pensées sont allées à ce pauvre Chevalier à la Triste Figure (et aussi à son accolyte Sancho Panza, mais ça c'était lorsque je goûtais aux spécialités culinaires locales, je me disais que si je mangeais trop de tapas je finirais par lui ressembler!), c'est en raison de ses bévues multiples, causées par une âme distraite.

 

      Je n'ai pas, comme votre héros, l'excuse d'être nourrie de romans de chevalerie au point de me faire perdre le sens du réel, mais voici un petit florilège de mes aventures madrilènes... Voyez plutôt!

 

      Au musée du Prado, arrivant dans la salle consacrée aux tableaux de Cour de Velasquez, au lieu d'être saisie par les qualités picturales des chefs d'oeuvre que j'avais sous les yeux, j'ai douloureusement pris conscience de l'étendue de ma culture quand mon premier réflexe a été de penser à "La Folie des grandeurs", et à entendre ce cher Louis de Funès dire ses plus célèbres répliques ("Elle ment Sire, elle ment en Allemand! Majesté, das ist eine Kolossale Konspirazionne!" ou encore "Vivat Don Salluste! Vivat notre bienfaiteur!"). Ce qui m'a valu un bon fou-rire toute seule...

 

      Au musée d'art moderne, après avoir contemplé des toiles de Picasso, Miro, Dali, et des sculptures plus ou moins figuratives, avoir contorsionné mon cou dans tous les sens pour parvenir à déchiffrer le message caché dans la toile abstraite d'un peintre espagnol très connu dont j'ai oublié le nom, j'ai observé d'un oeil de connaisseuse, pendant une bonne minute, la représentation très réaliste d'un homme en uniforme, admirant la fidélité de l'artiste aux moindres détails, avant de me rendre compte à ma grande  honte que je fixais fort impoliment le gardien de salle du musée. Rouge de honte, j'ai pris la fuite!

 

      Dans un petit magasin, une vendeuse très avenante s'est lancée dans un grand discours sans doute très intéressant, cherchant visiblement mon approbation... qu'elle n'a pas eue, car la seule chose que j'ai trouvée à dire a été : "Ben, je suis désolée, je comprends pas, j'ai fait Allemand!".

 

      J'ai aussi renouvelé allégrement mon stock de jeux de mots pathétiques par quelques trouvailles bien quichottesques, les plus illustres étant, je cite : "les Ibères sont rudes" (merci Goscinny!) et "on va vous arrêter pour tapas nocturne" (Si vous ne comprenez pas, cher Miguel, ou si vous ne riez pas, c'est que vous êtes probablement plus fin humoriste que moi!).

 

      Enfin, la tête pleine de récits de voyages épiques, j'ai testé mon esprit d'aventure en commandant au restaurant un plat au nom exotique et inconnu... et me suis retrouvée face à une banale omelette aux haricots verts... Cruelle réalité!

 

      Voilà. Vous comprendrez pourquoi je suis allée me recueillir quelques instant devant le monument érigé à votre gloire...

 

Madrid 2011 126

     

      Mon cher Monsieur de Cervantès, permettez-moi, avant de retourner prochainement me battre avec courage contre mes propres moulins à vent, de vous saluer avec déférence et de prendre congé de vous le buste incliné, le chapeau à la main et à reculons, selon l'étiquette en vigueur à la Cour...

 

folie des grandeurs

 

       ... car vous êtes le plus grand de tous les Grands d'Espagne!

 

             Humblement,

 

                            Philomène.

 

      PS : Olé!

 

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commentaires

C
<br /> ¡Hola mi querida Filomena!<br /> ¡ A mi me gustan tu viaje y tus recuerdos! ¡Viva España!<br /> Bueno, no sé si me entiendes... pero te lo prometo, la próxima vez te lo diré en francés...<br /> Te envio un beso muy grande de tu Caora.<br /> <br /> <br />
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P
<br /> <br /> euh... Hola Caora... Euh... et j'ai fait Allemand!^_^!!<br /> <br /> <br /> Bisous!<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
G
<br /> et maintenant flattez-moi...!<br /> <br /> <br />
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P
<br /> <br /> "Monseigneur est...beau!<br /> <br /> <br /> - Vous pensez sincèrement ce que vous dites?<br /> <br /> <br /> - Je flatte!"<br /> <br /> <br /> <br />
H
<br /> Vivat philomène!<br /> j'ajouterai : une lettre anonyme pour le Roi!<br /> <br /> <br />
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P
<br /> <br /> la reine a un coquin! Oh!!! Mais c'est beaucoup d'argent, ça!<br /> <br /> <br /> <br />